Introduction :
Commençons par ce fait qui pour incroyable qu’il soit, risque de détruire un mythe. Mais oui, tous les manuscrits reçus – et j’insisterais sur ceux qui arrivent par la voie du courrier, tout penauds, mal emballés ou déjà prétentieux dans leur présentation – par la maison d’édition : Tous les manuscrits sont lus. Tous, toujours !
Comprenez qu’il est dans l’intérêt propre de l’éditeur de ne négliger aucune piste de richesse intellectuelle et bien sûr financière.
Après quelques tris, les manuscrits sont répartis par le responsable du service entre les différents lecteurs de la maison d’édition. En fonction des affinités de chacun pour un genre ou une spécialité; histoire, science, fiction, science-fiction, biographie, policier, roman contemporain, essai, nouvelle et autres. Il est important que chaque lecteur soit à l’aise dans la lecture qui lui est proposée.
Résumé :
Avec la lecture du manuscrit, commence un travail d’apnée envoûtant pour le lecteur. Il s’agit de s’immerger totalement dans l’histoire, de s’y noyer presque, de manière totale et volontaire. De s’y fondre jusqu’à en être tellement imprégné, que les éléments essentiels du texte nous colleront à la peau. Tout se fait alors naturellement ; Le lecteur ne fait pas un résumé, il EST le résumé !
Le résumé doit en effet être le plus exact possible. Tout d’abord, par respect pour l’auteur du texte, cela va de soi. Ensuite, par respect pour la maison d’édition qui nous emploie ; cela va de soi aussi. Enfin, par respect que le lecteur aura pour lui-même, car il doit être capable de rédiger un très bon résumé. C’est son métier, et ses quelques lignes serviront de bible au comité de lecture, qui n’aura pas encore eu l’occasion de lire le manuscrit en entier.
Analyse :
L’analyse du texte, est elle aussi favorisée par une bonne apnée dans les pages. Sa rédaction sera d’autant plus facile, que le lecteur est bien imbibé…
L’analyse, est le composé le plus technique de la fiche de lecture. Celui sur lequel on peut revenir en feuilletant les pages, si pendant l’apnée précédemment décrite, on a manqué d’air ou de temps. Ou des deux. Ou de papier, d’un crayon pour prendre des notes.
Analyser le texte, c’est vérifier son équilibre général. La solidité de sa construction, la crédibilité, la profondeur des personnages. C’est lors de cette étape, que l’on détermine également le style, le ton, et le rythme du roman.
La critique :
C’est bien sûr la partie la plus, délicate de la fiche de lecture. C’est la partie subjective, la partie sensorielle de l’apnée dont on parle toujours ; ce que l’on a ressenti du texte et non ce que l’on en a compris. C’est une partie que l’auteur apprécie avec circonspection et on le comprend. Car si lui et nous, n’avons pas été sur la même longueur d’onde, à la même profondeur et pendant le même temps, on ne sera pas d’accord. Il faut donc se souvenir que dans la partie critique, le lecteur s’applique à expliquer pourquoi selon lui, le texte fonctionne, ou non.
Pourtant fragile et subjective, soumise aux composants de l’existence qui auront conditionnés sa rédaction (une certaine lassitude de la vie, un état d’amoureux transi, un lendemain de fête ratée ou réussie…), la partie critique est lue avec beaucoup d’attention par le comité de lecture et le chef du service des manuscrits – le mien, s’appelle Denis. Ces personnes responsables nous font confiance, et s’en remettent à notre jugement. Car, le lecteur que nous sommes, représente un ensemble beaucoup plus grand d’autres lecteurs. Et si pour diverses raisons nous avons aimé ce texte (quels que soient ses défauts, éventuellement évoqués lors de l’analyse), il y a beaucoup de probabilités pour que beaucoup d’autres lecteurs soient de notre avis. Ou le contraire. On peut avoir détesté au nom de tous, aussi. Comme il est possible que nous reconnaissions que notre avis, ne sera pas celui du plus grand nombre.
La critique est une partie qui reste ouverte, et ce n’est pas elle seule qui détermine la qualité du texte. Ce qui va littéralement envoyer le manuscrit devant le comité de lecture, c’est la note que l’on va lui donner.
La note :
La maison d’édition dans laquelle j’opère, demande à ce que l’on pose des notes entre un et cinq.
Sachant que la note de 1, est donnée à un manuscrit qui est excellent. Abouti ou quasiment. Et que la note de 5 est donnée à un texte avec un piètre contenu.
La note détermine la valeur du texte, parfois outre l’analyse qu’on en a faite, ou la critique effectuée : il est par exemple possible de donner une bonne note, à un manuscrit avec pas mal de défauts, et même que l’on aura pas vraiment aimé lire, mais dont on reconnaît le potentiel. Ou la qualité littéraire.
C’est la note, qui détermine la valeur objective du texte, et sa lecture ou non par le comité ou le responsable d’édition.
Les indications de travail :
Pour la maison d’édition, le lecteur rédige peu cette partie car, si vous en êtes un vous l’aurez constaté, l’auteur n’a pas accès à sa fiche de lecture. A quoi bon dès lors signifier qu’en modifiant simplement l’ordre des chapitres trois et douze, vous obtiendriez un meilleur suspens ? Personnellement néanmoins, et parce que Denis est un/mon décisionnaire ouvert qui aime communiquer, je donne quelques ultimes et minuscules conseils à des auteurs dont le manuscrit est quasiment abouti, Il arrive alors que mes remarques et félicitations leur soient transmises, ce qui ne peut apporter que du bonheur, et Dieu sait qu’on en a tous besoin.
Conclusion :
On ne pourra pas nier que des erreurs d’appréciation existent, parce que parfois même un bon médecin se trompe de diagnostique ; mais une chance d’examen est donnée à tous. De cela, les auteurs peuvent être certains.
L’éditeur est un orpailleur qui cherche sa pépite. Il n’aimerait pas que vous passiez au travers de son tamis : une équipe de lecteurs qu’il espère très efficaces.
Du travail effectué dans la maison d’édition, par un lecteur tel que moi (une lectrice !), vous n’aurez presque aucun retour. Vous ne connaitrez pas le contenu de votre fiche de lecture.
C’est pourquoi je vous propose de mettre mes compétences à votre service. Vous saurez ainsi avant même d’envoyer votre manuscrit, ce qui serait peut-être à revoir ou à retravailler. Vous recevrez quelques conseils ou avertissements. Tout comme vous pourrez aussi connaître les éventuelles raisons techniques, pour lesquelles votre manuscrit a été auparavant refusé.